Entretien avec Julien Gherbi : «J’ambitionne de représenter l’Algérie sur la scène mondiale»

Julien Gherbi est le premier pilote d'origine algérienne è avoir intégré, aux côtés de Lewis Hamilton et Sebastian Vettel (deux champions du monde de F1), la liste des 100 meilleurs espoirs mondiaux en 2007.
Il est le seul Algérien è avoir gagné une course de monoplace aux Etats-Unis, et avoir piloté en Formule 2. Il nous livre dans cet entretien  son parcours, ses ambitions, ses rêves et la manière de développer le sport automobile en Algérie .

-Qui est Julien Gherbi ?

Je suis né è Nice il y a 26 ans, d'une famille originaire du M'zab. J'ai débuté en sport automobile è 17 ans, remportant tout d'abord le championnat d'Europe de Sports Prototypes dans ma catégorie. Puis, j'ai participé è différentes catégories internationales, en montant peu è peu les échelons jusqu'è la Formule 2.

-Comment êtes-vous «tombé» dans le sport automobile ?

J'ai toujours été passionné par le sport automobile, j'ai d'ailleurs appris è lire avec des revues de Formule 1 ! De plus, comme certains proches de mes parents étaient impliqués dans la course durant mon enfance, j'ai eu la chance de pouvoir vivre ce sport de près depuis mon plus jeune âge. Cela a développé chez moi une envie encore plus forte de devenir pilote professionnel, et lorsque j'ai obtenu mon baccalauréat, je me suis lancé en monoplace !

-Nous croyons savoir que vous avez lancé un site dédié è l'investissement. Pouvons-nous avoir plus de détails è ce sujet ?

Au début de ma carrière, j'ai été confronté è l'impossibilité de trouver des budgets. Je n'avais pas de palmarès, car j'avais privilégié mes études jusqu'è ma majorité, et je ne savais pas comment trouver les fonds pour courir. J'ai donc lancé un programme qui invite les personnes privées è investir dans ma carrière, en échange de parts sur mes salaires et mes primes de résultats. Ces privés financent une grande partie de mes participations, et dès que je touche de l'argent en tant que pilote, ils reçoivent 50% de ces sommes. Quand j'ai commencé è remporter des courses, ma notoriété a grandi et j'ai pu trouver plus d'investisseurs m'aidant è grimper les différents échelons. En 2009, le programme d'investissement s'est transformé en site d'investissement, nommé www.myracedriver.com, ce qui m'a permis d'attirer l'intérêt d'un plus grand nombre de personnes. Contrairement è la majorité des pilotes qui courent avec des fonds familiaux ou liés è la famille, je cours avec le peuple et pour le peuple !

-Vous avez participé è des courses en Europe, puis vous vous êtes envolé vers les USA. Pourquoi ce choix ?

Après avoir couru trois ans en Europe, je me suis retrouvé bloqué par les sommes importantes demandées par les équipes des grandes catégories européennes. En 2007, après une excellente saison en Formule 3 et mon intégration dans le classement des 100 meilleurs espoirs mondiaux, j'ai eu l'opportunité de trouver un sponsor qui souhaitait une exposition médiatique aux Etats-Unis. Les budgets étaient moins importants lè-bas, et les opportunités de carrière plus nombreuses. De plus, le championnat incluait des primes financières selon les résultats, ce qui était très intéressant pour mes investisseurs privés. J'ai donc franchi le pas pour courir deux saisons dans le cadre du championnat organisé par Mazda North America. Ce fut une expérience fantastique et la saison 2008 fut particulièrement un grand succès avec 10 podiums en 14 courses.

-Dans quelle catégorie de véhicules êtes-vous inscrit ?

Le programme 2012 n'est pas encore défini. Néanmoins, je m'oriente principalement vers des courses de grand tourisme et d'endurance. J'ai effectué des essais en Italie, en automne dernier, pour une équipe du championnat GT4, et mon adaptation de la monoplace è ce type d'auto s'est très bien passée. Je suis aujourd'hui en contact avec différentes écuries de GT européen, de WTCC et de Le Mans Series, donc je pense que mon choix se portera sur l'une de ces catégories.

-Pouvons-nous nous attendre è un exploit de votre part cette année ?

Je l'espère ! Si je parviens è réunir les conditions financières et techniques nécessaires, je pense être capable de réaliser de grandes performances et de rendre fières les personnes qui m'aident ou m'ont aidé. Même si je n'ai pas été très présent sur les circuits les deux dernières années, j'ai continué è me préparer, que ce soit techniquement, physiquement et mentalement. Je participe è un entraînement physique è Valencia avec l'Academy Virage, ce qui me permet de travailler avec l'entraîneur personnel de Nico Terol et d'Hector Barbera, deux stars mondiales des championnats moto. Je passe aussi beaucoup de temps dans le simulateur de course de l'écurie de GP2 Barwa Addax (ndlr : championne 2011 des GP2 Series), me confrontant régulièrement aux performances de pilotes qui courent aujourd'hui en Formule 1. Je suis mieux préparé que jamais.

-La Formule 1 est le rêve de chaque pilote professionnel. Allons-nous vous voir dans l'une des écuries mondialement connues prochainement ?

Lorsque j'étais enfant, la Formule 1 était un rêve. Puis, après mes premières victoires, c'est devenu un objectif. Enfin, après mes premiers pas en Formule 2, c'est devenu une possibilité. Le problème, malheureusement, reste le même, c'est un sport qui, même s'il cherche è consacrer les meilleurs pilotes, nécessite des fonds importants. L'opportunité de rentrer en Formule 1 comme pilote d'essai s'est présentée è plusieurs reprises dans ma carrière et elle ne s'est pas encore réalisée, car je ne suis jamais  parvenu è trouver les budgets suffisants. Mais je ne désespère pas et je travaille chaque jour que Dieu fait pour concrétiser ce projet.

-Etes-vous prêt è intégrer la Fédération algérienne des sports mécaniques et représenter l'Algérie dans les différentes manifestations internationales  ?

Ce n'est un secret pour personne : j'ai pour principale ambition de représenter l'Algérie sur la scène mondiale du sport automobile. C'est une décision basée sur une volonté particulièrement intime et qui me motive énormément. Le soutien que je reçois de la part des fans de sport auto en Algérie, depuis plusieurs années, est fantastique, et je souhaite les récompenser en plaçant notre pays sur la plus haute marche des podiums ! Il faut pour cela que je continue è travailler dur, car le travail paye toujours et me permettra de mener è bien mes projets. En ce qui concerne mon adhésion è la FASM, elle n'est pas forcément essentielle pour pouvoir représenter le pays. Je suis en contact avec la Fédération depuis longtemps maintenant, mais j'ai le sentiment qu'ils ont actuellement certaines priorités qui ne correspondent pas è mes ambitions. Peut-être cela changera-t-il dans un futur proche ? Je le souhaite de tout cœur.

-Selon vous, quels sont les obstacles qui empêchent un développement du sport automobile en Algérie ?

C'est un problème complexe. Je pense que dans un pays comme le nôtre qui a la chance d'avoir une culture automobile et des amateurs véritablement passionnés, il est possible de développer quelque chose de très intéressant. Il faut d'abord fournir, pour les amateurs, des conditions de compétition en circuit adapté, afin qu'ils puissent assouvir leur passion en toute sécurité. Cet intérêt est déjè extrêmement présent, donc ce type de développement devrait être possible, et surtout rentable. Pour les personnes visant des compétitions de haut niveau, il est impératif de créer et de développer une vraie filière capable de mener les pilotes vers un professionnalisme réel. Selon moi, cela commence par la formation et le fait d'offrir aux pilotes des conditions de course compétitives et, lè encore, des circuits adaptés.

Puis, il faut offrir la possibilité de se développer au niveau international, comme je l'ai fait jusqu'è présent. Les membres de l'Academy Virage avec laquelle je collabore ont aidé Vitaly Petrov, Sergio Perez et Charles Pic ces trois dernières années. Cela fait plus de 10% des pilotes de Formule 1 actuels ! Il faut travailler avec des gens de ce calibre, qui offrent de vraies possibilités au développement d'une carrière internationale. Enfin, il faut absolument travailler sur la sécurité routière, afin de montrer aux gens que la course automobile est une chose bien distincte du réseau routier. C'est une notion extrêmement importante è faire rentrer dans les esprits : un «chauffard» n'est pas un pilote automobile, et un pilote automobile doit se comporter de manière exemplaire au volant. Je serai personnellement plus qu'heureux et fier de me porter volontaire afin d'apporter mon aide et mon expérience è ce niveau.

-Pensez-vous que l'Algérie serait capable d'organiser une compétition de WTCC dans les rues d'une ville comme Oran, par exemple, si l'occasion se présentait ?

La présence d'une course internationale au Maroc n'est pas une chose récente. Il ne faut pas oublier qu'en 1958, une course au Maroc avait conclu le calendrier du Championnat du monde de F1. L'organisation du Grand Prix de Marrakech de WTCC était donc une nouvelle tentative d'attirer le sport automobile international, et cela a eu un fort succès dès la première saison. Les organisateurs ont reçu les honneurs de la FIA lors du gala de fin de saison è Monaco, ainsi qu'une décoration royale. Le royaume du Maroc s'est élevé immédiatement au sein des grandes nations organisatrices de courses automobile, profitant d'un manque évident de présence de compétition automobile internationale au Maghreb, et les retombées économiques et médiatiques pour le pays et la ville ont été indéniables.

Mais, la course étant mise en place et financée par une organisation privée, il aurait été essentiel que les institutions et sponsors locaux suivent, ce qui n'a pas été le cas. Au final, cette absence a causé la disparition du Grand Prix de Marrakech du calendrier mondial de Super Tourisme, ainsi que de tous les bénéfices qui en découlaient. Si nous apprenions de l'expérience vécue par nos voisins marocains, l'organisation viable d'une course mondiale è Oran ou Alger serait tout è fait possible.

-Si on vous invitait pour une course ou même une exhibition en Algérie, est-ce que vous accepteriez ?

Ce serait avec plaisir et fierté, que ce soit pour participer è une course, effectuer une démonstration ou partager mon expérience avec des jeunes souhaitant devenir pilotes ! Je travaille aussi actuellement sur un projet de démonstration avec une Formule 2 dans les rues principales d'une grande ville algérienne. Si le projet parvenait è terme, ce serait un événement fantastique !

Lancement BAIC

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