Reportage: Pénurie de carburant à Tlemcen

Un reportage de Said Lacète è Tlemcen.

Voilè maintenant près de deux années que le phénomène dure : le carburant se fait très rare è Tlemcen et ses environs è tel point que les automobilistes de cette très belle région ne savent plus où s'adresser. La cause ? C'est devenu un secret de polichinelle puisque l'Algérie tout entière sait que son mazout et son essence sont acheminés frauduleusement vers le Maroc pour y être revendus au vu et au su de tous.                                                                                               Aujourd'hui, narrer encore une fois pourquoi en est-on arrivés lè, c'est tourner en rond. Ressasser les mêmes phrases d'il y a quelques mois voire quelques années, c'est donner un statut è ce phénomène social. Tout le monde sait aujourd'hui que le spectacle est désolant dans toutes les stations-service où des files interminables de voitures se font pour s'approvisionner en carburant.

Un quota de 500 DA par véhicule

Un fléau qui dure depuis plus de deux années et qui n'est pas «éliminé» devient, du coup, dangereux pour la société. A Tlemcen, où nous nous sommes rendus récemment, les habitants de cette ville pointent du doigt les autorités locales et les services de sécurité. Ces dernièrs n'arrivent plus è mettre fin è cette situation qui favorise les hallaba (trafiquants d'essence).  Notre passage è Tlemcen n'a duré qu'une journée. Le temps de récolter les impressions des Tlemcéniens qui affichent leur courroux.  Abdallah, guide touristique, âgé d'une cinquantaine d'années, connaît bien la région. «Vous savez, ce phénomène ne sera jamais banni car en produisant peu, l'Etat algérien favorise ce trafic de carburant. Si on essaie d'inonder de carburant les stations d'essence, il n'y aura plus ce problème. On découragera tous les trafiquants. Aujourd'hui, chaque citoyen a droit è 500 DA d'essence et c'est très insuffisant pour les chauffeurs de taxi ou un citoyen qui fait quotidiennement la navette Tlemcen-Oran.  Il y a un manque de carburant en mazout, en essence, super et sans plomb. Ce n'est pas possible pour un pays si riche. Les hallaba revendent le bidon d'essence de 10 litres è 2 000 DA voire plus», nous a t-il déclaré. Et d'ajouter : «Du moment que le problème persiste et n'a pas trouvé de solution, je présume qu'il y a complicité un peu partout pour le passage de ce carburant vers le territoire voisin». 

Le calvaire des travailleurs
Aujourd'hui les habitants de Tlemcen sont habitués è voir des files interminables devant les pompes è essence.
A la question de savoir si un jour cette situation pourrait dégénérer des rèactions  Houari, un architecte tlemcénien, nous répond : « Je ne le pense pas car, aujourd'hui, chacun pense è soi. Quand on vous remplit le réservoir d'essence pour 500 DA, il faut rouler économiquement, mais les taxis et les routiers sont pénalisés. Personne n'a osé bouger le petit doigt et les pouvoirs publics sont muets comme une carpe. Vous savez, la frontière algéro-marocaine est fermée par voie terrestre et les trafiquants y passent comme une lettre è la poste. A mon avis, il faudrait surveiller au niveau des postes frontaliers et des passages secrets. C'est lè qu'on peut mettre la main sur les trafiquants». 

Oujda n'est qu'è 59 km
Il faut savoir aussi que la ville de Tlemcen se trouve è 39 km de Maghnia et è 59 bornes de la première grande ville du Maroc, Oujda. C'est environ une heure de route en empruntant la route nationale. L'autoroute A1 qui dessert jusqu'è la frontière marocaine favorise les hallaba qui la prennent avant de changer leur itinéraire vers des lieux secrets pour faire passer le carburant.
Pour revenir è la ville de Tlemcen, ce sont ses habitants qui souffrent le martyre. Tenez, par exemple, les travailleurs qui viennent des alentours de la ville de la culture musulmane  rencontrent chaque jour des problèmes de locomotion. Les transports en commun se font rares depuis «l'installation» de cette pénurie. Si certains fonctionnaires parviennent è rejoindre leurs lieux de travail le matin, ils seront conviés, néanmoins, è un autre parcours du combattant le soir après la fin de leur travail pour rentrer chez eux. Ce manège dure déjè depuis plusieurs années et la plupart d'entre-eux se demandent è quand la fin de ce calvaire.
D'autres témoignages nous assurent que le carburant algérien «atterrit» aussi dans la ville de Berkane (Maroc) en prenant le chemin de Béni-Derar, située è 20 km de la ville d'Oujda. Le transfert se fait généralement la nuit, selon d'autres témoignages.
Mohamed, propriétaire d'un bus de transport en commun qui dessert la liaison Tlemcen-Boudghene, reste optimiste quant è voir un jour l'essence «couler è flot» chez nous et anéantir ce fléau : «Moi, je suis devenu un habitué des stations d'essence. Parfois je suis sur place vers 3 ou 4 h du matin pour avoir mon quota. Oui, je dis bien mon quota et c'est désolant de le dire pour un pays aussi riche en ressources pétrolières. Vous êtes è Tlemcen et vous constatez ce manque de carburant mais ce phénomène s'étend jusqu'è Aïn-Témouchent. Donc, c'est tout le tronçon qui souffre de ce malaise. Qu'est-ce qu'il faut faire ? Rouvrir les frontières terrestres avec le Maroc ? Implanter des réseaux Sonatrach sur le sol marocain ? Je peux vous poser trente mille questions mais la réalité est tout autre. Alors, je ne sais quoi vous ajouter», nous a t-il signifié d'un air très déçu. 
Comme Mohamed, plusieurs chauffeurs de transport en commun qui font la desserte intercommunale doivent calculer quotidiennement la quantité de carburant qui leur reste. «Je suis obligé de travailler selon la quantité d'essence que j'ai dans mon réservoir, sinon je tomberai en panne et avec moi, tous les passagers. Dieu merci, jusqu'è présent, je n'ai pas connu ce genre de panne mais au train où vont les choses, il viendra le jour où la panne me souhaitera la bienvenue», a ajouté Mohamed.
Pour Z. F, une fonctionnaire dans l'administration d'un hôtel de Tlemcen, la situation n'est guère reluisante et les autorités croisent toujours les bras au lieu de passer è l'action. «Au lieu de lutter contre ce fléau et le bannir è jamais, on nous trouve une solution qui n'a aucun sens : celle de nous approvisionner en quantité équitable. Moi, j'ai un réservoir qui peut contenir jusqu'è 1200 DA de carburant et au niveau des stations d'essence, on nous dit qu'il nous faut seulement 500 DA d'essence. «Non, franchement, ce n'est pas une honte tout ça ?», martèle-t-elle.
Décor triste et désolant quand on sait que les hallaba se font un argent fou avec ces pratiques que l'on ne voit pas ailleurs. Pour la petite histoire, sachez qu'au Maroc un litre de mazout coûte 8 dirhams, soit l'équivalent de 80 dinars algériens. Puisque le bidon de 10 litres vaut 2000 dinars chez les hallaba, faites vos comptes et vous vous apercevrez que ce n'est pas cher et ça peut rapporter gros ! 
 

Saïd Lacète

 

Lancement BAIC

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